le 25 janvier : Conversion de Saint Paul
Comme toute conversion, celle de Paul sur le chemin de Damas résiste à toutes les explications. Paul lui-même nous offre quelques clés pour s’approcher du mystère.
Qui est-il ?
Paul est alors un jeune homme d’à peu près 35 ans. Né dans la diaspora, il a vécu dans un environnement culturel hellénistique, tout en étant fortement protégé dans son identité juive. Comme sa famille, il appartient à la tradition pharisienne, ce mouvement spirituel laïc né au IIe siècle avant Jésus en Israël. Ici le livre des Actes et les lettres concordent : « Je suis pharisien, fils de pharisien », dit Paul (Actes 23,6). Dans sa lettre aux Philippiens il se présente fièrement : « circoncis le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu fils d’Hébreux ; pour la loi pharisien » (Philippiens 3,5). Il a même été élevé « selon la tendance la plus stricte de la religion, en pharisien » (Actes 26,5-15).
Un fou de Dieu
Saul a été formé pour pratiquer et faire respecter la tradition pharisienne, en particulier dans toutes les exigences de la Loi. C’est son zèle pour la Torah qui explique son hostilité contre les disciples de Jésus. et la « persécution » qu’il mène contre l’Église (Actes 22,4; 26,11; Galates 1,13 ; Philippiens 3,6). Quel genre d’intervention musclée pouvait-il se permettre alors que Rome avait le monopole des arrestations, des incarcérations et des exécutions ? À moins que ce soit un genre de lynchage populaire, commis hors légalité, comme ce fut le cas pour Étienne (Actes 7,57-58).
Par contre le comportement de Paul montre qu’il avait des informations assez précises sur le mouvement de Jésus pour en mesurer la dangerosité pour l’avenir du judaïsme auquel il croyait. Est-ce le rôle revendiqué par Jésus qui l’inquiète, ou bien est-il scandalisé par les disciples juifs de Jésus, qui rejettent les exigences de la Torah avec ses 613 commandements ? Un tel renoncement aux fondements de toute sa vie croyante lui est insupportable.
L’irruption du Christ
Et voici que son combat, qu’il croit sincèrement conforme au projet de son Dieu, est remis en question radicalement à la suite de l’irruption de Jésus dans sa vie, à la fois fracassante et discrète.
Fracassante : c’est la triple version qu’en donnent les Actes des Apôtres (Ac 9 ; 22 ; 26). L’homme plein de certitudes sur son Dieu, se fait renverser sur le chemin de Damas. Ses yeux de chair se ferment pour s’ouvrir devant le révélateur qu’il combattait : Il tombe à terre, est aveuglé par la lumière de Dieu : « Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ? Je suis Jésus que tu persécutes ». C’est tellement bouleversant que Luc n’hésite pas à nous le raconter trois fois. L’un des éléments les plus solides de ces trois récits, est le rôle d’Ananie, le premier chrétien qui a introduit dans l’Église Saül le converti.
Le même Paul manifeste une grande pudeur dans son courrier. De ce qui est survenu sur le chemin de Damas, il ne parle que lorsqu’il y est contraint, pour se défendre contre les attaques. Il en parle en des termes allusifs : « Il m’est aussi apparu, à moi l’avorton. (1 Corinthiens 15, 8)… N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ? (1 Corinthiens 9,1). Dieu a jugé bon de révéler en moi son fils (Galates 1,15) …J’ai été saisi moi-même par le Christ Jésus… » (Philippiens 3,12). C’est par ces images que Paul le converti tente de rendre compte de l’expérience indicible qui fut la sienne.